La légende
La Légende des Sonerien Du
« Ils tiennent leur nom (« Sonneurs Noirs » en breton) en hommage aux deux sonneurs bigoudens de Lambour qui furent injustement pendus en 1786 à Pont-l’Abbé à la place de deux brigands qui sévissaient dans la région à la même époque »
Il faut savoir qu’à cette époque, la richesse des gens se voyait sur le costume. Plus une personne avait du bien, plus son costume était brodé. Les « Sonneurs Noirs » étaient appelés ainsi car pauvres, leur costume ne portait aucune broderie et, de ce fait, était noir. Ces Sonerien Du, avaient l’habitude d’animer mariages et autres fêtes, ne demandant pour salaire qu’à boire et à manger. Jamais vraiment fatigués de jouer, leurs prestations étaient réputées interminables. Il leur arrivait souvent de s’endormir dans les fossés, rentrant chez eux, repus de trop de boisson…
On dit aussi qu’à l’époque, les mariages bretons ne se terminaient que lorsque la musique s’arrêtait, et la légende raconte que les Sonerien Du les faisaient durer souvent plus de 3 jours et 3 nuits. Adulés du « petit peuple », ces deux sonneurs, dont l’un était Pierre Canévet, de Lambour, étaient les plus populaires du pays bigouden. Cette situation ne plaisait guère aux bourgeois du pays (qui voyaient leurs ouvriers plus occupés à célébrer mariages et fêtes qu’à travailler), ni au clergé, car la musique et les danses traditionnelles étaient des rites païens. Si bien que le jour où deux brigands de grand chemin furent arrêtés par la maréchaussée à la suite d’un vol commis dans la nuit du 25 au 26 février 1786 dans une ferme de Plomeur et que, sur la route, ils trouvèrent les Sonerien Du, « ivres mort », dormant dans le fossé, nos gens d’armes acceptèrent, contre monnaie « sonnante et trébuchante », de substituer les uns aux autres. Ainsi, les deux sonneurs furent pendus, sans autre forme de procès, sur la place du Marchallac’h à Pont-l’Abbé et les corps exposés aux fourches patibulaires de la colline de Bringall, au lieu dit« ar justiciou » (Les justices) en Pont L’Abbé, à la grande joie de l’église et de la bourgeoisie Bigoudène. Bien sûr, cette nouvelle se répandit comme une traînée de poudre dans le pays et la population fut scandalisée par cette nouvelle.
Parallèlement, une épidémie de peste dévasta le pays Bigouden, celle-ci s’ajouta à la légende. En effet, les corps des 2 sonneurs, excommuniés, furent laissés en l’état, et la légende raconte que le fait de toucher leurs corps immunisait de la peste. Ainsi, ils passèrent du statut de musiciens populaires au statut de porte-bonheur. Depuis, les femmes bigoudènes, lorsqu’elles cassaient des assiettes, allaient jeter les morceaux à l’endroit où les Sonerien Du ont été finalement enterrés, non loin du lieu dit « Ar justicioù » où ils furent pendus, car cela portait bonheur. Ces morceaux de faïence étaient appelés des « bravigoù ».
Des recherches avaient été effectuées par Yann Corentin Ar Gall, sonneur Bigouden renommé, membre fondateur du groupe. C’est lui qui donne le nom Sonerien Du au groupe. Il avait trouvé jusqu’au nom de famille des véritables sonneurs noirs. Malheureusement, il a emporté toutes ces recherches avec lui lors de son décès. Pour ce qui est de l’anecdote, le lieu dit « Les justices » se trouve à Pont L’Abbé, juste derrière la gendarmerie.
Stèle des Sonerien Du – Sculpteur : Patrig ar Goarnig (1996)